nous devons aux dieux un sacrifice + EDEN

  3 am ;

oh regarde ce beau bébé ! il va devenir un bon fils, le parfait petit macho homophobe qui pourra frapper les pédales à l'école.

regarde comme il est fort, à coup sûr il va devenir comme papa, il sera grand, musclé et il aura une belle femme qui lui fera la cuisine.

regarde comme il pleurniche, putain les mecs ça pleure pas, tu veux pas fermer ta gueule sale tapette de mes deux ?



comment ne pas détester les hommes ? quand ton père est le pire des enculés, quand il t'a rabaissé parce que t'es trop faible, trop chétif. quand il t'a obligé à rire à ses blagues sexistes pour faire genre, quand il a quitté ta mère et vous a laissés seuls sur terre sans même écrire un mot.
comment ne pas détester tout ce qui m'entoure ? alors qu'on vit tous sous sédatif, qu'on travaille, qu'on joue, qu'on s'aime et qu'on baise juste pour se voiler la face ? parce qu'on le sait tous, au fond, que le monde qui nous entoure c'est d'la merde.

tu seras comme lui. tu lui ressembles tellement. vous avez le même visage. quand je te vois, je pense à lui. c'est tous des connards, rien que des connards avec leurs putes. et toi, tu seras pareil, tu seras un connard.
parce que c'est ça, le mariage. c'est ça, votre prétendu amour, seulement des tromperies, des mensonges qui font pleurer les femmes, qui alimentent le besoin de se bourrer la gueule. mais ça c'est quoi ? c'est rien, la tragédie classique de famille. le père absent, le fils en manque, la mère malheureuse. y'a rien de plus ennuyeux.
puis il y a les histoires qui sortent de l'ordinaire, qui font de moi une exception, comme l'aurait dit mon psy. mais ça n'a rien de positif, d'être une exception, c'est juste un euphémisme, pour dire monstre ou anormal, voilà c'que c'est.

autant le préciser, c'est horriblement cliché comme histoire. un adolescent diagnostiqué schizophrène, qui prolonge son séjour à l'hôpital avec une tentative de suicide quelques heures plus tard. ça n'a rien de triste voyons, rien que du drame, du pur drame comme dans les films.

ces voix qui reviennent, qui murmurent des choses répugnantes. tu sais plus ce que tu penses, ce que tu veux, ce qui est bien ou mal. tu sais plus rien. tu sais plus qui t'es. et tu t'en fous.
tu restes comme avant, t'es là, tu passes du temps avec tes potes, tu t'amuses sans avoir besoin de faire semblant. t'es juste lunatique, ou pire que ça, bipolaire ; ta vision des choses change d'un instant à l'autre, tu te dépersonnalises.
et bordel, tu te détestes parce que tu penses que tout est de ta faute, tu perds tes amis les plus proches pour ne garder que des relations superficielles. et encore plus que toi-même, c'est les autres que tu peux plus voir..

et le pire, c'est que tout continue comme avant. t'avances, tu discutes avec les gens, tu t'envoies en l'air ; et après vient l'insomnie, la panique soudaine, les crises délirantes, tous ces trucs que t'as oublié dès que c'est passé.

croyant sans espoir, je prie dieu alors que la religion c'est des conneries, j'lui demande s'il a pas une bonne excuse à nous servir.